Date : Décembre 2004
Départ : Djerba
Itinéraire : Tataouine, Medenine, Matmata, Douz, Tozeur, Tamerza, Gafsa, Kairouan, Sfax, Gabes.
Arrivée : Djerba
Distance : 1 526 km
Nombre de jours : 13
Les photos sur : Flickr
A la recherche d’un peu de soleil en hiver sans aller trop loin. Tel était mon objectif en choisissant la Tunisie. Et bien c’était raté, car il fait très froid en décembre dans ce pays.
A part cela, il y a quelques régions intéressantes, mais il ne faut pas avoir peur des (très) longues lignes droites en terrain plat.
JOUR 1
Djerba – Zarzis : 81 km
Réveil matinal après une nuit courte mais très confortable suivie d’un petit déjeuner buffet de grand luxe.
Le montage du vélo s’est fait sans aucune difficulté. J’ai pu laisser le sac de transport et quelques outils inutiles dans la bagagerie de l’hôtel.
J’ai commencé par traverser la zone touristique de l’île. Il y a beaucoup d’hôtels, mais pas grand monde sur la route. Après un petit détour par Midoun pour trouver un distributeur de billets qui fonctionne, j’ai pris la direction d’El Kantara.
Avant de quitter l’île, j’ai eu droit à la première attaque de chiens du voyage. Ils sont assez agressifs et attaquent en bande. Le vent n’étant pas tout a fait favorable, j’ai mis plus de 5 minutes à les semer. 5 minutes à 40 km/h avec les bagages c’est long, surtout le premier jour.
La chaussée romaine a été construite, comme sont nom l’indique, par les romains. Elle relie l’île au continent. La vue est un peu gâchée par un immense tuyau qui approvisionne Djerba en eau douce.
Arrivé à Zarzis, terme de la première étape, j’ai rapidement trouvé un hôtel. Un type, qui avait l’air d’être le patron m’a accueilli chaleureusement et m’a offert deux bières. Je n’ai pas compris pourquoi deux, mais je les ai vidé sans difficultés. Un autre type, qui n’avait pas vraiment l’air du patron, m’a donné les clés d’une chambre.
Comme il faisait beau, je m’étais mis en short et en t-shirt. Cela a fait beaucoup rire le personnel et les rares clients de l’hôtel. Je comprendrais vite que l’hiver en Tunisie il fait froid et que l’on ne se balade pas en short.
JOUR 2
Zarzis – Tataouine : 136 km
Une journée infernale. Lors des voyages précédents, j’ai toujours été épargné par le vent, le vrai vent de face, celui qui rend fou. Je savais qu’en Tunisie j’avais des chances d’y être confronté. Dès le deuxième jour, c’était chose faite.
Les 50 premiers kilomètres, le long de la côte pour rejoindre Ben Guerdane (C109) n’ont posé aucun problème. Par contre les 85 suivants, en direction de Tataouine, (C111) seront un enfer. Le vent ne me permettra pas de dépasser les 13 km/h.
C’est donc bien après le coucher du soleil et 9 heures de vélo que je suis arrivé à Tataouine. C’était sans aucun doute une de mes plus fatigantes journées de vélo.
Je n’ai eu aucun problème à m’endormir.
JOUR 3
Tataouine – Medenine : 111 km
Par la grande route, la distance entre ces 2 villes n’est que de 49 km. J’ai donc pris une route secondaire : La route des Ksour. Région parsemée de villages en ruines et de greniers à grains fortifiés. J’avais également prévu de d’emprunter quelques pistes, mais, en fin de compte, l’expérience se limitera à 4 km. Les paysages sont intéressants.
J’ai maintenant compris le principe de la météo. Il fait froid, l’air est froid et le vent est froid. Seul le soleil, le fameux soleil de Tunisie, réchauffe un peu l’atmosphère. S’il n’y a pas de nuages, le temps est agréable entre 11 et 16 h. Malheureusement, il y a souvent des nuages.
Medenine n’est pas une ville intéressante.
JOUR 4
Medenine – Matmata : 67 km
Matmata et ses hôtels troglodytes est une étape incontournable.
Une courte journée mais vraiment superbe. La route est une ancienne piste récemment macadamisée. Elle traverse d’impressionnantes collines.
J’ai logé dans un des fameux hôtels troglodytes. C’est assez amusant car les chambres sont des petites cellules creusées dans le rocher qui donnent sur une cour. Le confort est vraiment spartiate mais après mes trois premières nuits à l’hôtel je retrouve enfin les vrais plaisirs du voyage à vélo. Le restaurant est une sorte de réfectoire avec des grandes tables. Au menu : couscous pour tout le monde, malheureusement, il n’y avait presque pas d’autres clients.
JOUR 5
Matmata – Zaafrane – Douz : 138 km
On ne dort pas si mal dans un hôtel troglodyte. J’ai quand même préféré mon sac de couchage aux draps et aux couvertures proposés.
Pour mon arrivée dans le désert, le ciel était complètement dégagé et d’un bleu impressionnant.
Sur la carte, la route de Matamata à Douz est une longue ligne droite de 99 km.
Heureusement, les 20 premiers kilomètres sont assez amusants avec plusieurs descentes et quelques grandes courbes. Le village de Tamezret vaut la peine d’être visité.
Ensuite, c’est droit et le paysage est de plus en plus désertique. Il n’y a personne sur la route à l’exception de quelques 4×4 de touristes. Il n’y a pas de chiens non plus (ouf).
Le vent était avec moi et j’ai pu rouler de long moment à plus de 30 km/h sans trop d’efforts. La route est dans un état impeccable, un vrai billard.
Arrivé à Douz, j’ai directement continué sur Zaafrane où j’ai pu apercevoir les premières dunes. Là, c’est vraiment le début du désert. La spécialité de Zaafrane est la balade à dos de dromadaire. J’ai eu quelques difficultés à expliquer qu’après une journée de vélo s’asseoir sur un autre type de selle ne me tentait pas du tout.
A Douz, il y a un vrai camping. Il est fréquenté par des motards accompagnés de camions 4×4 gigantesques transformés en camping-car. Un détail négatif quand même, ces rigolos font payer 1 dinar pour le vélo. Principe que je trouve tout a fait ridicule.
JOUR 6
Douz – Tozeur : 128 km
Quelle nuit ! Il n’a pas fait froid, mais glacial.
A 07h00, je suis parti équipé comme en plein hiver avec gants et bonnet de laine. Malheureusement, je n’avais qu’une fine paire de chaussettes. Je n’ai pas tardé à avoir les pieds gelés. Les 28 kilomètres entre Douz et Kebili furent, malgré le ciel bleu, un peu pénible.
Entre Kébili et le début du Chott El Djérid, la route traverse une série de villages typiquement tunisiens. C’est à dire, une succession de maison à un étage avec plein de gens sur le trottoir pour regarder passer les voitures et le cycliste.
Tout à coup, j’entends le bruit caractéristique d’un vélo qui me rattrape. Il s’agit de Mohamed et son superbe vélo de course. Un modèle un peu ancien mais en bon état avec même un compteur. Après quelques kilomètres, il me propose un café et me voilà attablé sur le bord de la route à regardé passer les voitures.
Le Chott El Djérid est un immense lac salé, mais l’eau fait un peu défaut. La route qui le traverse est une longue ligne droite de 75 kilomètres. Au début, il n’y a strictement rien à droite et à gauche. C’est plat et c’est blanc. Ensuite, il y a un tout petit peu d’eau et quelques salines, une industrielle, les autres pour touristes. Malgré cela c’est une route impressionnante.
De l’autre coté, la région est beaucoup plus touristique. Les enfants ne se contente plus de juste dire bonjour, ils réclament directement 1 dinar.
A Tozeur, il y a aussi un camping, mais je le déconseille car il est en pleine ville et les sonos des bistros des alentours beuglent toute la nuit.
JOUR 7
Tozeur – Tamerza : 75 km
Réveil sous les nuages.
A la sortie de la ville, je trouve un vrai supermarché (self service) qui a même du bon pain. Par contre, comme souvent en Tunisie, ils n’avaient que le de confiture en conserve ce qui n’est pas vraiment pratique.
Une courte étape au programme. D’abord la traversée du Chott Er Rahim. C’est à dire une longue ligne droite au milieu de nulle part. Une seule différence par rapport au jour précédent, énormément de circulation. Des jeeps de touristes, des voitures locales et mêmes des troupeaux dromadaires.
Les 15 derniers kilomètres sont beaucoup plus amusant avec (enfin) des montagnes et les routes correspondantes : lacets, pentes à 10 %, paysages impressionnants…
A Tamerza, l’hôtel des Cascades est composé d’un ensemble de petits bungalows au confort très spartiate, pas chauffé et très (trop) bien aéré. Il n’y a donc pas beaucoup de clients en hiver. Une fois de plus ce sera une nuit froide, mais n’est ce pas normal pour un 25 décembre.
JOUR 8
Tamerza – Gafsa : 100 km
Départ à 8 heures.
Excepté les 10 premiers kilomètres, la route est un peu sinistre. Elle traverse plusieurs villes minières pas vraiment excitantes. Après 40 kilomètres, je sens un truc bizarre au niveau de la roue arrière… 2 rayons cassés. Remplacer des rayons sur le bord de la route, dans le vent et le froid, ce n’est pas très amusant.
La route de Gafsa (C201), après Moularès, est reprise comme étant piste sur la carte Michelin. En réalité, il s’agit d’une toute nouvelle route qui traverse de magnifiques montagnes.
J’avais prévu de prendre un autre itinéraire, plus long, mais un policier ne m’a pas laissé le choix. Il faut déjà être fou pour se balader à vélo en plein hiver, mais en plus faire des détours.
L’arrivée à Gafsa est un peu sinistre car il y a une énorme décharge à l’entrée de la ville. Une vraie décharge de cauchemar hantée par de nombreux chiens. Et encore un petit sprint, avec encore plus de motivations que les précédents.
JOUR 9
Gafsa – Sbeitla : 148 km
La route de l’ennui : Longues lignes droites à travers un paysage excessivement monotone. Il y a bien quelques villages, mais ils ne sont pas vraiment intéressants.
En plus, pour ne pas changer, il faisait toujours aussi froid. Heureusement, le vent était favorable. Il m’a permis de rouler à un bon rythme et de rejoindre Sbeitla sans trop traîner.
A Sbeitla, il y a des ruines romaines à visiter.
Les gens sont beaucoup moins sympathiques que dans le sud. C’est peut être du à la température. Tous les gens sont en permanence équipés d’une veste et d’un bonnet. Quand on arrive dans un magasin, un restaurant ou un hôtel, il est impossible de faire la différence entre un client et le gérant. Pas très sympathique tout cela.
JOUR 10
Sbeitla – Kairouan : 117 km
Encore une journée de grande route, mais enfin sous le soleil.
C’est amusant de voir que les gens ont l’air de meilleur humeur (moi aussi d’ailleurs). Beaucoup disent même bonjour avec enthousiasme.
Les 30 premiers kilomètres étaient même agréables. Ensuite, il y a de plus en plus des camions.
Kairouan est une grande ville. La circulation est dense, mais pas trop difficile à gérer. Quelques détours m’ont permis de visiter les différents quartiers. J’ai eu quelques problèmes avec un faux guide qui voulait absolument me faire visiter la ville à pied. Il ne voulait pas comprendre que je préférais le faire seul et à vélo.
Après m’être installé à l’hôtel, j’ai me suis quand même transformé en piéton pour aller visiter la Médina. Kairouan est l’une des 7 villes saintes de l’Islam.
Un dernier mot sur la journée pour parler des boucheries. Il y en a énormément le long des routes. De très petites boucheries aux murs généralement peints en rose. Ce qui est assez particulier, c’est qu’il y a toujours une ou deux peaux de moutons, avec encore la tête et les pattes, qui pendent devant la porte. Le mouton suivant, vivant celui là, est attaché en dessous. Je ne sais pas ce qui se passe dans la tête d’un mouton, mais ils ont généralement la queue entre les jambesc
JOUR 11
Kairouan – Sfax : 152 km
Départ sous la pluie. Le temps est exactement le même qu’en automne en Belgique. Une grande différence quand même, le sable et la poussière que l’on retrouve partout se transforme en boue liquide. Le vélo est rapidement très sale.
Après quelques kilomètres, j’ai vu un chien assis sur le bord de la route. Il n’avait pas l’air bien méchant, mais je l’ai quand même surveillé. Arrivé à sa hauteur, j’ai entendu un bruit de l’autre coté de la route. Il y avait un cadavre de vache en train de se faire dévoré par trois immenses molosses. Heureusement, ils ont hésité quelques secondes avant de se lancer à ma poursuite. Cette fois, j’avoue que j’ai vraiment eu peurc Ils avaient déjà les mâchoires pleines de sang. Par chance, la course ne fut pas trop longue car ils avaient sans doute le ventre bien rempli.
La première étape de la journée : El Jem et son colisée. Il vaut le détour.
Pour rejoindre Sfax, j’ai ensuite emprunté la grande route (P1) pendant une vingtaine de kilomètres. Il y avait pas mal de circulation dont un grand nombre de camions. Quand un camion me dépasse, je roule en général sur le bas-côté. Suite aux pluies de la nuit, le bord de la route était encore très boueux. Pas évident à négocier.
Ensuite, j’ai pu prendre des plus petites routes à travers d’immenses oliveraies.
Sfax est la deuxième ville du pays. Cela roule dans tous les sens (pas toujours le sens logique). Il n’est pas rare de voir arriver un engin bizarroïde dans le sens inverse (voiture antique, vélo, cyclomoteur, brouettes, moutonsc), mais les gens restent excessivement courtois avec les cyclistes voyageurs. Il y a aussi quelques feux de circulation qui fonctionnent. Ils ne semblent pas concerner les cyclistes et les cyclomotoristes tunisiens. J’ai préféré les respectercun intuition peut être.
JOUR 12
Sfax – Gabes : 147 km
J’appréhendais un peu cette journée car il n’y a pas d’autre choix que la grande route (P1) pour rejoindre Gabès. En fin de compte cela s’est déroulé sans encombres. J’ai fait le trajet d’une traite avec le vent dans le dos.
Les villages traversés n’étaient vraiment pas intéressants et les enfants réclamaient directement cinq dinars (bonjour l’inflation).
J’ai quand même fait un arrêt car j’ai croisé un hollandais qui voyageait sur un vélo couché. Comme c’était au milieu d’un village, un attroupement s’est rapidement formé.
Gabès c’est à nouveau le sud. C’est à dire un peu plus pittoresque que les villes traversées les jours précédents.
JOUR 13
Gabes – Djerba : 127 km
Quelques kilomètres sur la P1 avant de prendre la direction d’El Jorf et le bac à destination de Djerba. Le bac est gratuit pour les vélos.
J’ai mis un peu plus de temps que prévu pour traverser l’île car le vent n’a pas voulu rester favorable jusqu’au bout.
Avant de renter à Bruxelles, une dernière nuit « 5 étoiles ». Je n’en profiterais pas beaucoup car le vol de retour était à 7 heures matin.
CONCLUSIONS
Le climat : Il peut faire très froid et très humide en hiver. Une tenue hivernale est de rigueur. Quand n’il y a pas de nuages, le soleil réchauffe un peu l’atmosphère. Le problème est qu’il y a souvent des nuages. Les nuits sont très fraîches, voire glaciales plus l’on se rapproche du désert.
Vent parfois violent et défavorable.
L’accès : Nombreux vols charters directs. Pas de problèmes pour embarquer le vélo.
Les routes : En très bon état et bien indiquées. Certaines lignes droites sont peut être un peu longues et monotones. Les automobilistes ont énormément de respect pour les cyclistes voyageurs.
Le logement : Hors saison, il y a de nombreux hôtels vraiment pas cher. J’ai même logé la première et la dernière nuit dans un hôtel 5 étoiles pour un prix dérisoire. Il y a aussi quelques campings.
Le ravitaillement : Il y a des épiceries et des petits partout. Dans les restaurants touristiques, le couscous est à l’honneur. Dans les autres, il n’y a pas vraiment de spécialités à part la soupe et beaucoup de harissa.
La population (adulte) : Les gens sont très commerçants. les principaux contacts seront donc de cet ordre. Le mauvais temps avait parfois l’air de déteindre sur l’ambiance générale.
Les enfants : Au Maroc, les enfants courent toujours derrière le vélo. C’est parfois un peu pénible. En Tunisie, c’est plus contrasté. Certains ne regardent même pas, d’autres disent bonjour avec beaucoup d’enthousiasme, il y en a même un qui m’a proposé des biscuits. Malheureusement, il y en a d’autres qui lancent des cailloux ou qui réclament des dinars de façon un peu musclée. Bref, il n’y a généralement pas de problèmes, mais il faut rester vigilant.
La sécurité : En tant que touriste, on ne risque pas grand chose. De toute façon la police veille et il y a pas mal de contrôles.
Le seul vrai danger vient des chiens. Ill n’est pas rare de rencontrer des chiens +/- sauvages qui attaquent en bande. Quelques frayeurs garanties car il n’est pas question de s’arrêter et de jeter quelques cailloux. La seule solution est dans la fuite. Heureusement, les routes sont généralement plates.