SOUTHWEST (USA)

usa-j08-04Date : Juillet 2006
Départ : Denver
Itinéraire : Steamboat Springs, Moab, Grand Canyon, Monument Valley, Durango, Aspen, Colorado Springs.
Arrivée : Denver
Distance : 3 990 km
Nombre de jours : 29
Les photos sur : Flickr

usacarte

DEPART
Denver International Airport – Denver : 25 km

Après un vol sans histoire au départ de Bruxelles via Francfort, je suis arrivé à l’aéroport de Denver.

Au départ, j’ai quand même eu une bonne surprise. Je m’étais renseigné auprès de la compagnie (Lufthansa) pour connaitre le supplément prévu pour le transport du vélo. La réponse avait été 125 USD par trajet. Comme mon vélo, démonté, était emballé dans un sac, il est passé pour un bagage normal. Le nombre de bagages autorisé étant de 2 valises de maximum 23 kilos chacune. La dimension du sac contenant le vélo dépassait la taille autorisée mais cela n’a pas posé de problème. Je commence donc ce séjour par une économie de 250 USD (195 EUR). C’est toujours bon à prendre.

A l’arrivée à Denver, les formalités sont assez rapides. J’ai juste du faire une petit détour par le douane car j’ai toujours une boite de conserve « de secours » au fond de mes sacoches. L’importation de nourriture n’étant pas vraiment autorisée. J’ai finalement pu garder ma boite de spaghettis car les produits cuisinés ne semblent pas poser de problème. C’est donc avec les encouragements des douaniers que j’ai débarqué sur le sol américain.

Il y a itinéraire cycliste pour rejoindre le centre ville au départ de l’aéroport. Le départ de cette route est même indiqué à l’intérieur de l’aéroport.

Après un rapide montage du vélo, j’ai pris la direction de Denver. La « piste » cyclable est en fait la bande d’arrêt d’urgence, appelée « shoulder » aux USA, de l’autoroute reliant l’aéroport à la ville. Ce n’est pas très excitant mais quand même bien pratique.
Après 25 km, je suis arrivé dans les faubourgs de Denver, à Aurora, où j’avais réservé une nuit dans le Motel 6 local.

JOUR 1
Denver – Golden – Pinecliffe : 75 km

La traversée de Denver est facile et rapide. Le centre ville n’est vraiment pas grand. Par contre la banlieue est gigantesque. Des milliers de pavillons avec jardin, ce n’est pas laid mais un peu monotone. Heureusement, il existe de nombreux itinéraires cyclistes bien indiqués pour quitter la ville sans encombres. Un début facile…

A Golden, j’ai pris la Hwy 93 en direction de Boulder. Un grande route avec une seule bande de circulation par sens mais une énorme bande de pneu crevé (shoulder). Un début en toute sécurité…

Ensuite, c’est la Hwy 72 en direction de Nederland. A partir de là, les choses sérieuses commencent. La route s’élève de plus en plus. Au début, ce n’est pas trop dur mais si l’on additionne le  » stress  » du premier jour, le décalage horaire, l’altitude, le soleil… cela a vite coincé. Malgré de multiples arrêts et de multiples petites siestes, rien n’y a fait. J’ai du m’arrêter avant Nederland.

Je suis tombé un peu par hasard sur un lodge, style motel de montagne. C’était un peu plus cher que prévu mais quand j’ai vu le lit, je n’ai pas pu résister. Aller hop, au dodo.

JOUR 2
Pinecliffe – Estes Park – Loveland : 145 km

Manque de bol mon superbe lodge n’était qu’à 500 mètres du sommet… J’aurais donc pu continuer sans trop de difficultés. Malgré cela, je n’ai pas regretté mon choix car après 14 heures de sommeil, j’étais en pleine forme.

Pour ma première journée de montagne j’ai été bien servi : J’ai traversé un village à plus de 9500 pieds (2 850 m), mon nouveau record d’altitude, j’ai allègrement dépassé les 70 km/h dans une superbe descente et j’ai même croisé des loups…

Je ne sais pas trop si c’étaient des coyotes ou des loups mais ce n’étaient pas des chiens. Que faut il faire quand l’on croise ce type d’animal ? Surtout qu’il y en avait un qui était assis juste sur le bord de la route. Je me suis alors rappelé l’ours croisé au Canada. Comme l’année dernière j’ai donné quelques coups de sonnettes tout en continuant comme si de rien n’était. Et bien, cela a marché. Il m’a regardé passé en se disant sans doute qu’ils sont vraiment fous ces touristes…

Le temps était très beau même si le matinée fut un peu froide mais rien d’anormal à près de 3000 mètres d’altitude.

J’ai rapidement rejoins la  » Peak to peak scenic byway  » qui mène à Estes Park, une petite ville de vacances typiquement américaine avec golfs, chalets, motels, Mc Do… à profusion mais je suis aussi venu pour découvrir cela.

Estes Park est la porte d’entrée du « Rocky Mountain National Park « . Une route très tentante traverse le parc, la  » Trail Ridge Road  » avec un passage à 12183 pieds (3655 m) mais j’ai décidé de contourner le parc par le nord car les grands cols sont prévus au retour. Pour cela, il faut d’abord redescendre dans la vallée en direction de Loveland (Hwy 34 – Une descente de 30 km).

Un peu avant Loveland j’ai trouvé un camping. Un camping pas vraiment sympathique. L’accueil fut un froid. Quand je demande s’il y de la place, la responsable me regarde de haut en bas avec un air un peu dégoûté et me répond très sérieusement :  » I don’t understand you « . Ok, mon anglais n’est pas fantastique et j’avoue que j’ai un  » petit  » accent français mais ni en Angleterre, ni au Canada personne ne m’a jamais répondu comme cela.

Je comprendrais par la suite que j’avais fait une petite erreur. Je n’avais pas une tenue de cycliste et aux Etats-Unis le look est une chose très importante. Pas le look pour frimer mais plutôt le look en rapport avec sa situation. Un chasseur doit avoir l’air d’un chasseur, un pêcheur doit avoir l’air d’un pêcheur, un touriste doit avoir l’air d’un touriste… Donc un cycliste doit avoir l’air d’un cycliste. Malheureusement mon équipement n’est pas très orienté cycliste.

Donc j’ai finalement compris que la madame de tout à l’heure était tellement occupée à se demander ce que je pouvais être qu’elle ne ma même pas écouté. Par la suite je mettrai souvent le seul t-shirt avec quelques inscriptions que je possède et je me promènerai toujours avec mon casque (plus souvent à la main que sur la tête) et tout ce passera beaucoup plus facilement.

JOUR 3
Loveland – Cameron Pass – Gould : 127 km

Pour contourner le Parc, il faut prendre le Hwy 14 en direction de  » Rustic « . Cette route longe une rivière au nom pittoresque de  » Cache la Poudre « . Une petite route qui passe par le village de Masonville permet de rejoindre la Hwy 14.

Je donne tous ces noms à la consonance bien française car ce matin, j’ai croisé un cycliste sympathique qui a voulu me donner des conseils sur l’itinéraire à suivre. Cette fois c’est moi qui ai du répondre très sérieusement « Sorry but I don’t understand you ». Heureusement, il recommencé son explication dans un anglais tout à fait compréhensible sauf… pour les nom de lieux mais bon, je finirai bien par m’y habituer. Quand il a apprit que j’étais belge, il est devenu encore plus bavard car son grand père était belge et s’appelait  » Van den Berghe  » (Je vous passe la prononciation…).

La petite route de liaison est très jolie et très agréable malgré quelques passages à 12%. Ensuite, la Hwy 14 n’est pas mal non plus. D’après mon guide (Road Biking Colorado), elle devait être très peu fréquentée mais c’était sans compter sur le week-end du 4 juillet. La circulation était infernale surtout qu’il est manifestement indispensable de sortir son (très) gros pick-up 4×4 équipé du plus gros moteur possible, de pneus complètement dément et, surtout, de remorquer une caravane gigantesque. Le tout faisant bien évidemment un bruit délirant.

La Hwy 14 s’élève doucement en longeant la rivière en direction de  » Cameron Pass « , un col à plus de 3000 mètres. Tout se passa bien jusque vers 15 heures. Ensuite, j’ai eu le plaisir de faire la connaissance avec une spécialité du Colorado : Les orages.
Je dis bien les orages, car ils donnent l’impression d’arriver de tous les cotés à la fois et je peux garantir qu’ils sont très violent. Heureusement, la pluie qui les accompagne ne dure généralement pas trop longtemps. Juste assez pour être bien trempé. Les variations de température sont également impressionnantes.

C’est donc un peu mouillé que je suis arrivé au sommet (3082m). Un peu déçu quand même car il s’agit d’une simple route entre les sapins, très belle, mais rien de vraiment fantastique… mais bon, comme je l’ai expliqué plus haut, les grand cols se sera pour plus tard.

Mon but était de dormir à proximité du sommet. Un peu par curiosité car j’avoue que je n’avais pas encore eu l’occasion de passer une nuit sous la tente à une telle altitude. Malheureusement, le temps de réfléchir à la question et chercher un endroit pour monter la tente, j’avais déjà atteint la ville suivante situé 20 km plus loin et un peu plus bas (Une belle descente…). C’est donc à  » seulement  » 2700 mètres que je passerais la nuit.

JOUR 4
Gould – Steamboat – Hayden : 178 km

Après une bonne nuit, j’ai repris la descente. La route abouti dans une gigantesque vallée, plutôt une plaine, entourée de sommets enneigés.

A part la petite ville de Walden située au milieu de la plaine, il n’y a que des prairies à perte de vue. C’est même une réserve naturelle : Le Arapahoe National Wildlife Refuge. Bref, rien que du beau…

Si le matin était un peu frisquet, le soleil a rapidement réchauffé l’atmosphère. Sans doute pas assez pour les cyclistes voyageurs que j’ai croisé un peu avant Walden. Ils étaient équipés de collants et de vestes d’hiver dernier cri. Moi, à coté d’eux, avec mon vieux short et mon t-shirt délavé par le soleil, j’avais déjà presque l’air d’un clochard après seulement 4 jours de voyage. Après leur avoir raconté mon projet de rallier l’Arizona avant de revenir à Denver, ils ont conclu très sérieusement que les Européens (à vélo) étaient quand même beaucoup plus aventurier.

C’est avec mon nouveau statut d’aventurier que j’ai continué ma route, gonflé à bloc.
La météo est a peu près identique chaque jour. Soleil jusqu’à midi. Ensuite le ciel se couvre de gros nuage. Vers 14h soit il tombe quelques grosses gouttes pas vraiment méchantes soit un orage éclate, souvent violent. La température est agréable voire chaude mais en cas d’orage, elle peut tomber très rapidement. Pour profiter au maximum des matinées ensoleillées et éviter la pluie, j’ai décidé de commencer mes journées le plus tôt possible, au lever du soleil. Avec le décalage horaire, ce n’est vraiment pas très difficile.

Après avoir traversé la plaine et ses kilomètres de prairies, j’ai attaqué un nouveau col (Rabbit Ears Pass 9 426 Ft – 2 828 m), pas très dur (dans ces montagnes on est vite blasé…) mais très symbolique car il traverse la ligne de partage des eaux (Continental Divide).

La descente en direction de Steamboat Springs est par contre très impressionnante. Elle commence doucement avant de se terminer par une longue ligne droite d’une dizaine de kilomètres à du 8% et même plus sur la fin car j’ai allègrement dépassé les 70 km/h.

Mon premier objectif était de m’arrêter à Steamboat mais en raison du week-end du 4 juillet, la ville était bondée… Un peu trop à mon goût. J’ai donc continué jusque Hayden où j’ai trouvé un camping agréable avec des douches presque luxueuses.

Mes velléités d’aventurier avaient déjà bien diminuées depuis le matin.

Une fois de plus, j’ai eu des difficultés pour comprendre le gardien du camping. Cette fois-ci ce n’était pas à cause de son accent mais parce qu’il essayait de m’expliquer quelque chose de très compliqué : Les emplacements pour les tentes étaient situés loin du parking, environ 150 mètres, et il était impossible de les atteindre en voiture… En clair, j’allais donc devoir marcher un peu. Après 180 km de vélo ce genre de conversation est toujours un peu surréaliste.

JOUR 5
Hayden – Craig – Meeker : 120 km

Les deux ou trois jours qui viennent sont un peu une liaison entre les Rocheuses et l’Utah. Au départ j’avais prévu de faire 2 longues étapes pour économiser du temps pour la visite des parcs nationaux de l’Utah. J’ai vite abandonné mon projet car si je commence à être pressé après seulement 5 jours ce n’est plus des vacances. J’ai donc changé mon fusil d’épaule et décidé de faire 3 étapes dont une presque entièrement sur une route en gravier.

Je n’ai pas regretté mon choix car j’ai traversé des paysages fantastiques.
Cette partie du Colorado était à l’origine le territoire des indiens Ute mais suite au Massacre de l’agent de Affaires Indiennes, Nathan Meeker, et 7 autres membres de l’agence en 1879, ils ont été déplacés dans une réserve située en Utah. Au passage, ils ont également attaqué le détachement de Major Thornburg, tuant le major et 9 des ses hommes.

Tout cela pour expliquer que je suis vraiment arrivé dans l’Ouest américain.
La Gravel Road est vraiment en très bon état et très agréable. Cela demande juste un peu plus de concentration dans les montées. Dans les descentes par contre, j’ai facilement dépassé les 50 km/h.

Bien que l’altitude moyenne soit encore entre 1800 et 2000 mètres, ce n’est plus un problème. Par contre le soleil est de plus en plus fort. J’ai eu un premier coup de soleil malgré une grosse couche de crème.

Ce qui est amusant, c’est que malgré le soleil, il continue à y avoir une averse vers 14 heures.

A Meeker, j’ai facilement trouvé un camping mais le public a changé. En ville aussi les gens sont vraiment typiques.

JOUR 6
Meeker – Rangely : 92 km

Seulement 90 km au programme. Pourquoi ne pas faire la grasse matinée ? Et bien, c’est raté. Je ne suis resté qu’une demi heure de plus au fond de mon sac de couchage. C’était la nuit du 3 au 4 juillet. Je m’attendais à une soirée bruyante en cette veille de fête nationale, mais ce fut très calme. Donc pas besoin de traînailler au lit.

Une journée facile sur une route en descente à travers des paysages presque désertiques à l’exception d’une bande de verdure le long de la rivière.
Le soleil est de plus en plus brutal. Un petit bout de peau sans crème et c’est la brûlure.

Il y a de plus en plus de carcasses d’animaux le long de la route. Voitures et vie sauvage n’ont pas l’air de faire bon ménage. Cela ne sent pas bon et il y en a souvent à proximité des rares arbres qui procurent un peu d’ombre. Pas de chance pour les pauses.

J’ai eu ma première crevaison malgré les pneus  » increvables  » mais bon c’était une énorme vis bien pointue que je n’ai manifestement pas repérée. Ah, les beaux paysages c’est parfois dangereux…

Rangerly est une petite ville qui s’étire le long de la route avec sa station service, son motel, son musée et quelques maisons… Malgré cela, en fin de journée, quand il fait un peu moins chaud, il y a pas mal du monde. Il y a surtout une sorte de camping municipal. Quelques emplacements, des douches, des toilettes propres et… rien d’autre. Juste une petite boite aux lettres pour glisser quelques dollars. J’ai rencontré pas mal de camping de ce type en pleine nature au Canada, mais en « ville » c’est original. D’autant plus que j’étais le seul client. C’était un jour férié et il y a un vrai camping au bord d’un lac situé à quelques kilomètres.

JOUR 7
Rangely – Douglas pass – Loma : 138 km

Ce matin, je me suis équipé d’un t-shirt à manche longue (pour me protéger du soleil) et j’ai pris un peu plus d’eau que d’habitude. La prochaine ville est à 120 km et je ne sais pas trop comment sera la route.

Le début est tout aussi désertique que la veille, mais au fur et à mesure que la route monte en direction de Douglas Pass les paysages deviennent de plus en plus verts. La route est de plus en plus étroite (toute proportion gardée, cela reste les USA). La montée se termine par un vrai col de montagne entre les sapins. 2 480 mètres au sommet quand même.

Le long de la route, il y a des centaines de petits lapins qui courent dans tous les sens. Il y en a aussi sur la route mais ils ne sont plus bien vaillants (un peu plat). J’ai même du en achevé un…

La descente est amusante. Elle commence par quelques épingles à cheveux avant de continuer par une succession de grandes courbes. Les grandes courbes à 70 km/h, c’est assez génial.

Tout à coup, la montagne s’arrête de manière assez brutale. C’est le début de la prairie (beaucoup de terre, de sable et quelques touffes d’herbes éparses). C’est vraiment une plongée dans l’Ouest américain comme on l’imagine.

Que du bonheur sauf pour trouver à manger. Les seuls magasins qui sont ouverts sont généralement aussi des stations services. Donc situés près des grandes routes et loin des possibilités de logement (un peu sympathique). Il faut toujours prévoir quelques kilomètres en plus chaque soir pour le ravitaillement.

JOUR 8
Loma – Cisco (UT) – Moab : 163 km

J’ai commencé la journée en longeant la I70 (l’autoroute) sur une route parallèle. Cette route c’est rapidement transformée en une  » gravel road  » très agréable.

Les 2 premières villes traversées, bien qu’indiquées sur la carte, étaient de vraies villages fantômes (3 caravanes abandonnées). Aucune chance de trouver quelque chose à manger.

Après 20 kilomètres la route s’est interrompue. J’avais la possibilité de continuer sur la I70. C’est une autoroute mais j’ai lu quelque part que quand il n’y a pas d’autres solution c’est autorisé de la prendre à vélo.

Une autre possibilité était de couper travers tout pour rejoindre la ligne de chemin de fer qui passe à 5 kilomètres de là. D’après la carte, elle semblait longée par une autre  » gravel road « .

Comme les autoroutes ce n’est pas mon truc, j’ai choisi la deuxième option. Le parcours s’est révélé un peu plus difficile que prévu car il y avait de nombreux sentiers un peu trop mauvais pour mon vélo de Touring. C’est donc surtout à pied que j’ai rejoint la voie de chemin de fer.

Ensuite, la piste s’est un peu améliorée mais il y avait beaucoup de sable mou et même une rivière à traverser. De l’eau et du sable, cela fait de la boue collante… le vélo en était plein.

Une mauvaise route, mais des paysages fantastique. Je suis dans une immense vallée et la rivière qui coule au milieu est tout simplement le Colorado…
Après quelques péripéties, j’ai fini par atteindre la ville de Cisco. Un très grand village (presque) fantôme. Même la station service à l’entrée était abandonnée et à moitié carbonisée (toujours rien à bouffer).

Cisco est surtout le début de la Hwy 128 une fantastique  » scenic byway  » qui longe le Colorado à travers une série de  » petits  » canyon. Un vrai paysage de cinéma. Un seul problème, des milliers de petites mouches mais cela ne se voit pas sur les photos… Il vaut mieux garder la bouche fermée en roulant.

Moab est considéré comme la capitale du Mountain bike mais je n’en ai pas vu beaucoup. Par contre, il y a un nombre incroyable d’agences qui proposent des balades à vélo, randonnées en jeep, descente en rafting… A cela l’on rajoute des hôtels, restaurants et des bars branchés. Bref, une ville dans le coup.

La chaleur a encore monté d’un cran. En sortant du grand magasin, mon vélo, resté au soleil, était brûlant.

JOUR 9
Canyonland NP – Arches NP : 189 km

Une journée sans bagages au départ de Moab. Le point de départ idéal pour partir à la découverte des parcs nationaux  » Canyonland  » et  » Arches « . Comme il me semblait impossible de visiter les 2 parcs, les distances sont énormes même sans bagages, j’avais choisi  » Canyonland « . La route qui mène à l’entrée parc est grandiose mais après il faut rouler des heures sur un immense plateau avant de voir quelque chose.

C’est un endroit superbe, mais pas idéal pour une visite à vélo surtout que la route est un cul de sac. Revenir sur ses  » pas  » n’est jamais agréable à vélo.

Au bout de la route la vue sur les canyons formés par le Colorado et la Green River est fantastique. C’est tellement grandiose et gigantesque qu’il est vraiment difficile de prendre de bonnes photos.

L’entrée d’Arches National Park est située quelques kilomètres avant Moab. J’avais déjà pas mal de kilomètres dans les jambes mais pourquoi ne pas tenter le coup. La route d’accès commence par monter assez violemment mais la difficulté se fait bien vite oublier car les vues sont très impressionnantes. C’est une succession de rochers plus incroyables les uns que les autres. Les plus beaux formants des arches (d’où le nom du parc). C’était d’autant plus beau que le ciel était de plus en plus noir. Le contraste avec les roches presque rouges était remarquable.

Le ciel menaçant m’a contraint à faire demi tour avant d’avoir tout visité. Un peu trop tard car la pluie m’a rattrapée avant Moab. Pas vraiment une petite pluie d’été mais plutôt un véritable déluge.

Presque 200 km pour une journée de repos ce n’est pas l’idéal mais tant que cela roule pourquoi s’en priver.

JOUR 10
Moab – Green River – Hanksville : 179 km

Départ plus matinal que d’habitude car le programme du jour s’annonce chargé et plein de surprises.

Quelques kilomètres après Moab, j’ai quitté la Hwy 191 pour prendre la  » Blue Hill Road « , une route en gravier d’une cinquantaine de kilomètres qui devrait me permettre d’éviter l’I70 (autoroute). 50 kilomètres au milieu de collines de terre et de sable. A part cela…rien, un vrai désert malheureusement sans soleil.

Quand j’ai fini par rejoindre l’I70, j’ai pris l’ancienne route qui est à moitié abondonnée.

A Green River, rebelote. Pour rejoindre la Hwy 24 en direction de Hanksville, il faut normalement prendre l’I70. Comme je connais maintenant le principe, je suis parti à la recherche de l’ancienne route. Un bon choix car une fois de plus j’ai pu rouler sur une route abandonnée et déserte traversant des paysages incroyables.

La Hwy 24 traverse le  » San Rafael Desert « , 70 km en ligne droite. Pas vraiment désert comme route car c’est un des itinéraires entre le Lac Powell et Salt Lake City. En cette fin de week-end, c’est une file ininterrompue de voitures tirant soit un bateau gigantesque soit une remorque avec de nombreux jet skis.

Pas vraiment désert les paysages non plus car il s’est remis à pleuvoir et il fait tellement humide que les collines environnantes sont plus vertes que jaunes.
Malgré tout une chouette expérience.

Hanksville est une ville paumée au croisement de 2 grandes routes. Il y a 3 pompes à essence dont une qui a son  » shop  » installé dans une grotte (pittoresque). Il y 3 motels dont 1 est à l’abandon et 1 autre à vendre. Il y 1 supermarché dont la moitié des rayons sont vides et qui est aussi à vendre. Et enfin, il y a un camping/restaurant qui semble florissant (mystère).

Pour changer de la tente et après mes deux journées kilométriques, j’ai choisi le motel le plus  » chic  » des trois. J’en profiterais pour faire un peu de lessive.

JOUR 11
Hanksville – Capitol Reef NP – Calf Creek : 157 km

Une journée vraiment très dure mais que des paysages incroyables.

D’abord la Hwy 24 traverse des panoramas lunaires ou presque…et en plus il y a beaucoup de soleil. Ensuite c’est l’arrivée au Capitol Reef National Park. La Hwy 24 ne traverse qu’un toute petite partie du parc mais la succession de rochers très impressionnantes.

Après le parc, la route se met à monter doucement mais sûrement. J’ai croisé deux autres cyclistes voyageurs, 2 chinois qui traversent les Etats-Unis d’Ouest en Est. Le premier est passé sans même s’arrêter. Le deuxième s’est arrêté pour … me filmer.

Quelques kilomètres plus loin j’ai pris la  » Scenic Byway 12″. Dans les guides elle est mentionnée comme la plus belle route touristique du pays mais aucun ne parle des côtes à plus de 10% ni de l’altitude (plus de 9000 pieds – 2700 mètres). Avec l’altitude, la température diminue sérieusement, il se met même à pleuvoir. La végétation est de plus en plus verte avec une petite touche de blanc car les bouleaux ont remplacé les pins. Le contraste avec le désert du matin est vraiment saisissant. Et puis tout à coup, c’est le sommet. Rien de distincte l’endroit du sommet des innombrables côtes que j’ai franchis au cours de l’après-midi sauf un tout petit panneau  » summit  » en bois qui tient à peine debout.

La descente par contre est régulière et relativement droite. Un répit bienvenu.
Après Boulder, la route devient vraiment fantastique. Elle serpente à cheval entre 2 canyons avant de descendre au fond de l’un d’eux. C’est Calf Creek, un petit camping assez agréable et par chance (c’est un samedi soir) il y avait encore de la place… je n’avais plus aucune énergie pour continuer ou même chercher un endroit un peu plus sauvage pour monter la tente.

JOUR 12
Calf Creek – Pangultch – Hatch : 141 km

Hier, je croyais avoir eu une dure journée mais ce n’était qu’un avant goût.
D’abord, le ciel était très nuageux. Ensuite, la route pour sortir du canyon est très raide. Ce n’est qu’après le 56 kilomètres que la route s’est enfin mise à descendre. Un court répit avant la montée sur le plateau de Bryce Canyon.

La route d’accès monte jusqu’à 2300 mètres d’altitude. Pour avoir un point de comparaison, c’est l’altitude de Val Thorens, la plus haute station de sports d’hiver en Europe…

La fatigue et la pluie m’ont un peu démotivé. Je ne me suis donc pas arrêté à Bryce Canyon. C’est le seul regret de ce voyage mais ce sont dès choses qui arrivent.
Pour redescendre du plateau, la route passe par le Red Canyon. Il y a une très belle piste cyclable. En bas, c’est la fin de la Hwy 12.

La pluie et le vent m’ont rapidement forcé à m’arrêter.

JOUR 13
Hatch – Kanab – Jacobs Lake (AZ) : 155 km

Il a plu toute la nuit. Une succession d’orages plus violents les uns que les autres le tout accompagné d’un vent très violent. Heureusement, le matin tout est calme, complètement trempé mais calme avec un ciel bleu en prime.

La Hwy 89 commence par monter doucement par une vallée très verte. Le vent facilite même les choses car je roule à un bon 20 km/h.

Même si je me répète un peu… c’est vraiment très impressionnant de voir comme la végétation varie en fonction de l’altitude… La température aussi, car pour la descente je devrais mettre le collant et le coupe vent.

La descente fait plus de 50 kilomètres et mène à Kanab, la dernière ville avant l’Arizona… Et boum voilà la chaleur qui débarque d’un seul coup.

Pour rejoindre la montée en direction du Grand Canyon (North Rim), il faut d’abord traverser un petit désert. Une longue ligne droite au milieu de nulle part. Ensuite, la route se met à monter violemment de 1500 à 2500 mètres en 48 km) et cela ce n’est pas vraiment décrit dans les guides.

Au sommet, il y a la jonction avec la route qui mène au Grand Canyon mais ce sera pour le lendemain. Il y a aussi une ville (du moins sur la carte) : Jacobs Lake. En réalité, il s’agit d’une station service et d’un hôtel (un lodge). Heureusement, l’hôtel a une petite épicerie (pas beaucoup de choix et très chère).

JOUR 14
Grand Canyon NP (North Rim) : 146 km

Un aller/retour sur la Hwy 67 pour découvrir le Grand Canyon. Entre Jacobs Lake et le premier point de vue, il y a plus de 75 kilomètres. La route traverse la Kaibab Forest. Les paysages sont vraiment très différents de tout ce que j’avais imaginé. Il s’agit en fait d’une succession de prairies entourée de bois de pins de plus en plus gigantesques.

L’arrivée au Lodge est un peu surprenante car il y a pas mal de monde mais les vues sur le canyon valent vraiment la peine. C’est fantastique.

Comme il n’y a qu’une route, le retour est un peu du déjà vu mais du superbe déjà vu.

JOUR 15
Jacobs Lake – Page : 171 km

Une journée qui a bien commencée quoique un peu fraîche au lever. Une descente de 2500 mètres à 1000 mètres d’altitude en seulement quelques kilomètres. L’altitude la plus basse du voyage.

Une superbe route entre le Colorado et de superbes falaises (Vermilion Cliffs). Malheureusement pour les photos, une brume persistante masquait un peu le paysage. Il est clair qu’avec la perte d’altitude la température a sérieusement grimpée.

Ensuite, pour rejoindre Page et les rives du Lake Powell, Il faut franchir un petit col après la jonction entre la Hwy 89A et la Hwy 89. Un vrai col, une montée régulière avec des épingles à cheveux. La route étant en travaux, la circulation était alternée. J’ai ai profité pour rouler entre les blocs de voitures. Bref, une montée agréable. Pour la première fois une voiture s’est arrêtée pour m’encourager. Je dis bien une voiture car avec les vitres teintées on ne voit généralement pas souvent les chauffeurs…

Après le col, la Hwy 89 continue en ligne droite sans plus trop de dénivelé. Un seul problème, des rainures perpendiculaires dans le macadam de chaque coté de la route, très utiles pour avertir un automobiliste qui s’assoupit au volant mais pas très agréable à vélo.

Page est une ville artificielle construite en même temps que le barrage. Il y a quelques vues impressionnantes sur le lac, mais comme les distances sont énormes. Pour atteindre les points de vues, il faut être prêt à faire des kilomètres… Aujourd’hui, j’avais évalué la journée à +/- 130 kilomètres. Finalement, le compteur en affichait 171.

Le camping de Page est facile à trouver mais une fois de plus, ils m’ont donné un emplacement un peu à l’écart. Pas pour me permettre de dormir à l’aise mais parce que j’étais un peu sale… Et oui, après 170 kilomètres sous un soleil de plomb avec une température de plus de 40°C, il m’arrive de transpirer un peu.

JOUR 16
Page – Tsegi : 141 km

Moi qui croyait avoir déjà tout vu comme montées interminables dans ce beau pays, aujourd’hui, je vais être servis.

La Hwy 98 qui traverse une partie de la réserve indienne Navajo est située dans une zone plus ou moins désertique. Cela n’empêche pas la route de monter pendant plus de 80 km.

Au sommet, j’avoue que j’étais un peu cuit… car la journée précédente avait été beaucoup plus longue que prévue et que la nuit avait été très mauvaise et en plus, après le sommet, la route ne se met pas vraiment à descendre.

A partir de 11 heure, deuxième problème, la chaleur. A partir de la jonction avec la Hwy 160, troisième problème, le vent. Quelques kilomètres plus loin, quatrième problème, l’eau. Depuis le matin, je n’ai croisé aucun village… rien, même pas une maison au bord de la route. J’avais une bonne réserve d’eau mais je n’avais pas prévu une telle chaleur. L’eau était tellement chaude dans la gourde que j’y ai mis des sachets de thé. Cela améliore un peu le goût.

Pour la première fois de ma  » carrière  » de cycliste, j’en avais un peu plein le … d’autant plus que je n’étais vraiment pas motivé pour m’arrêter sur le bord de la route. Bref, une seule solution, continuer.

Tout à coup, elle est apparue…une station service avec un magasin. Je me suis enfilé 2 litres de Sprite (moitié Sprite moitié glaçons). Bonjour le mal au ventre… L’endroit était assez surprenant, car cela doit être le seul magasin à des kilomètres à la ronde. C’est l’Amérique, mais aussi un peu le bout du monde.

Un vingtaine de kilomètre plus loin, à Tsegi, il y a un motel presque chic et presque cher mais c’était le moment ou jamais de sortir mon 2ème  » Joker  » et m’offrir une bonne nuit à l’hôtel.

JOUR 17
Tsegi – Monument Valley : 104 km

Une courte journée au programme même si les chiffres disent le contraire.
Entre Tsegi et Monument Valley, il y a 60 kilomètres (en descente). J’y étais déjà à 10h00. J’aurai pu profiter de ma nuit à l’hôtel pour faire la grasse matinée mais les heures les plus agréables pour rouler sont entre 06 et 10 heures du matin.
J’ai directement installé ma tente dans le camping de Goulding afin de pourvoir visiter la vallée sans bagages.

La visite est assez simple et tout à fait accessible à vélo à part quelques montées dans le sable mou. Très peu de gens visite le parc avec leur propre voiture. Ce sont surtout des pick-up équipés à l’arrière d’une dizaine de sièges et conduit par des guides indiens que l’on croise. Pas trop de trafic donc…

Bref, une superbe expérience. Il fait quand même très chaud. De grosses couches de crème solaire et beaucoup d’eau ne sont pas un luxe.

JOUR 18
Monument Valley – Valley of the Gods (UT) – Bluff : 113 km

La distance entre Monument Valley et Bluff n’est que de 40 miles mais j’ai fait un petit détour par la Valley of The Gods. Une sorte de mini Monument Valley.

Une piste d’une vingtaine de kilomètre en très bon état traverse la vallée. Elle serpente entre d’énormes rochers et des falaises très impressionnantes. Un désert vraiment désert, je n’ai croisé qu’une voiture.

De retour sur la grande route, il ne me restait plus que 20 kilomètres à parcourir. Distance qui sera vraiment très pénible avec la chaleur et le vent de face.

Le soir, des nuages très noirs ont envahi le ciel. Presque un orage mais sans pluie. Tout cela pour me rappeler que le lendemain je serais de retour au Colorado et ses montagnes bien arrosées.

JOUR 19
Bluff – Cortez (CO) – Mesa Verde NP : 142 km

Une longue étape pour rejoindre le Mesa Verde National Park situé au Colorado.
Le matin, un cheval (+/-) sauvage m’a suivi pendant quelques kilomètres. C’était très impressionnant de voir ce cheval galoper avec le lever du soleil en arrière plan.
La suite de la journée sera moins bucolique. J’ai d’abord traversé une région principalement consacrée à la prospection du pétrole. Il y avait des puits dans tous les sens… et les camions qui vont avec.

Ensuite, c’est l’entrée au Colorado. Avant d’atteindre les montagnes, il y a de longues lignes droites au milieu de nulle part. Pour la première fois depuis le début du voyage une voiture s’est arrêtée pour voir si je n’avais besoin de rien … Il s’agissait d’un indien qui roulait dans un vieux pick-up sans air conditionné, donc avec les fenêtres ouvertes. Cela facilite les contacts…

Tout à coup, tout devient vert et la température devient presque supportable. C’est la fin des réserves indiennes.

Plus que quelques kilomètres pour atteindre le Mesa Verde National Park. J’y serai accueilli sous la pluie… un bon petit orage pour clôturer la journée (Bienvenue au Colorado).

JOUR 20
Mesa Verde NP : 85 km

Comme les autres Parcs Nationaux, le Mesa Verde National Park est un cul de sac. Il est donc préférable de laisser ses bagages au camping situé à l’entrée. La route qui monte sur le plateau est très belle et très amusante à vélo. Cela grimpe sec. La gardienne à l’entrée m’a prévenu au moins 5 fois… mais sans effets.

Pour les amateurs de bandes dessinées, c’est cette montagne qui a servi de modèle à la série du Lieutenant Bleuberry : Le spectre au balle d’or et la mine de l’allemand perdu. On y trouve un grand nombre de pueblos indien troglodytes. C’est très impressionnant.

Une journée agréable. Juste un regret, il y avait une route qui semblait vraiment intéressante (strong grades…) mais elle est interdite au  » RV  » et aux …vélos. Parfois, ils sont un peu compliqués ces américains.

Au retour, comme j’avais le temps, je me suis arrêté dans les différentes buvettes du parc pour me mêler aux autres touristes. Le spectacle est parfois assez pittoresque.

JOUR 21
Mesa Verde NP – Durango – Silverton : 141 km

Une superbe journée avec 2 cols à plus de 3000 mètres.

La première partie entre Mesa Verde NP et Durango est assez simple malgré pas mal de circulation et quelques très longues montées.

Ensuite, c’est la montée vers Silverton. Le début est facile et traverse une jolie vallée. Cela devait être le week-end car il y avait beaucoup de cyclistes. Beaucoup sont fascinés par leur compteur. Ils dépassent sans même un regard. Je les ai surnommés les  » Amercrétins « . D’autres sont plus sympas et font un brin de causette. Le sujet… le tour de France et les exploits, pas encore suspects, de Floyd Landis. La conversation n’était pas simple car je n’avais jamais entendu parler de lui avant.

Ensuite, la route s’est mise à monter. D’abord, une longue ligne droite comme souvent aux USA. Ensuite, c’est une succession de vrais lacets. Avant d’arriver au sommet du premier col (Coal Bank Pass – 10 640 ft), il y a eu un violent orage. La foudre est tombée très près. En passant sous une ligne électrique, il y a eu de grosses étincelles à hauteur du pylône le plus proche. Il était temps de se mettre à l’abri. Le plus surprenant c’est qu’il n’y avait pas encore de pluie.

Je me suis arrêté à la première station service, juste quand la pluie s’est mise à tomber. En traversant la route, je me suis fait engueuler par un autre cycliste car je ne traversais pas la route assez vite et que j’allais un peu gêner sa trajectoire… pas vraiment sympa avec les touristes dans le coins.

Après le 2ème col (Molas Divide – 10 910 ft), la route descend un peu pour arriver à Silverton. C’est une ancienne ville minière située à plus de 2800 mètres d’altitude. Pour les américains, c’est ici le vrai Far West. C’est vrai que c’est assez pittoresque. C’est une peu le concours à celui qui sera le plus dans le thème : chapeaux incroyables, bottes impressionnantes… Il y a juste le cheval qui a été remplacé par le quad.
Tout est complet en ville mais je fini par trouver une place dans un camping. J’avais vraiment envie d’une douche après cette journée sommes toute assez solide et en partie sous la pluie.

A propos de pluie, il va pleuvoir toute la nuit. Une succession d’orages plus impressionnants les un que les autres. Au début c’est impressionnant mais à la longue c’est un peu tuant car il n’y a pas moyen de dormir. Un bon point quand même pour la tente qui est parfaitement imperméable.

JOUR 22
Silverton – Ouray – Montrose – Delta : 146 km

La pluie s’est arrêtée à 5h30, juste au bon moment.

Etrangement, il ne faisant pas aussi froid que je l’avais imaginé. J’avais sorti ma tenue d’hiver mais un simple t-shirt suffisait.

Après Silverton, la route continue à monter jusqu’à la Red Pass. La route est très belle est pas trop dure. Il est vrai que j’étais dans une forme étrangement bonne. Sans doute la combinaison de l’altitude (3300 mètres) et de l’air très pur. Cette route s’appelle la  » Million Dollar Highway « , un nom bien américain. Le plus drôle c’est que personne ne connaît plus vraiment l’origine de ce nom.

La descente jusqu’à Ouray est splendide tant au niveau des paysages que de la route elle-même. Ouray, comme Silverton, est une petite ville à l’ancienne avec la Main Street macadamisée et les rue perpendiculaires en gravier. Elle est quand même un peu plus  » civilisée  » que Silverton.

Après Ouray, c’est un peu l’enfer. La circulation sur la Hwy 550 est infernale. Un autocar m’a presque envoyé dans le décor. Il n’y a presque plus de  » shoulder « . Quelques kilomètres avant Montrose, elle devient même une route à 2×2 voies.
La traversée de Montrose est encore assez amusante. Ensuite, au lieu de continuer sur la Hwy 50 qui devient une véritable autoroute, j’ai pris des petites routes de campagne. Il faut en profiter car il n’y a pas souvent des routes qui serpentent à travers les champs. Quel plaisir de rouler à l’aise sans voitures et en entendant même les oiseaux chanter…

A Delta, c’est vraiment la plaine. J’ai trouvé un camping juste en face du grand magasin. Une chance, car depuis le début du voyage les endroits de logement sont généralement situés très loin des magasins. Ce qui rallonge chaque fois la journée de pas mal de kilomètres. Pas de chance, je suis a peine arrivé dans le magasin que les orages ont repris. Pas moyen de repartir sans être complètement trempé. Après plus d’une heure d’attente, j’ai réussi à rejoindre ma tente sans trop de dégâts. A 7 heures du soir les orages, encore plus violents, ont repris. Quel pays !!

JOUR 23
Delta – Mc Clure Pass – Carbondale : 137 km

Une journée qui a commencé sur une grande route (Hwy 92) avec beaucoup de circulation. A 7 heures du matin, il y a pas mal de gens qui vont travailler, même ici…
Après quelques kilomètres, j’avais prévu de changer de route pour prendre la Hwy 133. Manque de bol, le numéro change mais en pratique c’est la même route.

A partir de 9 heures, l’heure de pointe passée, la circulation a diminuée. La route a fini par s’élargir et devenir de plus en plus belle… Les paysages de montagne sont de plus en plus impressionnants et de plus en plus sauvage. J’ai eu la chance de voir pas mal d’animaux dont plusieurs coyotes.

C’est aussi une région de mines de charbon. J’ai traversé une petite ville minière. C’est surprenant car on est vraiment très loin du rêve américain. Par exemple, la majorité des voitures avaient plus de 20 ans. J’ai même vu un trike, moto tout terrain à trois roues, l’ancêtre du quad. Une sorte de voyage dans le temps.

Ensuite, c’est la Mc Clure Pass (2920 m). La descente, le long de la Crystal River est pas mal non plus. Elle traverse de superbes gorges. Le seul problème est que, au fur et à mesure de la descente, la région est de plus en plus touristique. Je n’ai rien contre les touristes, j’en suis un aussi, mais quand je vois des gens qui vont sur les berges de la rivière avec leurs grosses jeeps pour éviter de transporter leur matériel de pique-nique sur 20 mètres, cela m’énerve un peu.

JOUR 24
Carbondale – Aspen – Independance Pass – Buena Vista : 157 km

Carbondale est située à 1800 mètres d’altitude. L’objectif de la journée est  » Independence Pass « , un col à plus de 3600 mètres. Avant de m’attaquer au col proprement dit, je d’abord du atteindre Aspen. Une des principales stations du Colorado. Un endroit très chic, rien qu’à voir le nombre de jets privés de toutes tailles parqués sur l’aéroport local. Comme ceux qui n’ont pas d’avion viennent en voiture, la seule voie d’accès est une autoroute très moderne. Heureusement, parallèlement à l’autoroute, il y a une ancienne voie de chemin de fer qui a été transformée en piste cyclable. Au début, elle n’est pas simple à trouver mais la dernière partie est macadamisée et fléchée.

Après une rapide traversée de la ville et les choses sérieuses commencent. Un très beau col avec des paysages variés au fur et à mesure des 30 km d’ascension. Il y a pas mal de cyclistes, toujours aussi concentrés sur leur compteur. Il y en a quand même une qui a ralenti un peu pour faire un brin de causette. Pour mon plus grand plaisir car une américaine avec le look cycliste c’est assez impressionnant.
Au sommet, la vue vaut le détour même s’il y pas mal de monde.

La descente fait aussi 30 km mais seulement les 10 premiers sont vraiment rapides, après il y a quelques remontées et la route n’est pas toujours en bon état (du moins à vélo).

J’avais décidé de continuer jusqu’à Buena Vista, la ville suivante, pour être au pied de  » Cottonwood Pass « , l’objectif du lendemain. Un orage, le désormais classique orage de fin de journée, en a décidé autrement. Le seul problème est que je n’avais plus grand chose à manger car je m’étais allégé un maximum avant le col. Le coin est un peu désert mais, heureusement, je trouverais (presque) mon bonheur dans une petite station service.

La  » Continental Divide  » passe par  » Independence Pass « . Je suis donc revenu du coté atlantique. Le lendemain, juste pour le plaisir de faire un col encore plus haut, je vais repasser de l’autre coté… et rebelote après-demain pour un troisième col. C’est les vacances quand même, il faut bien que je m’amuse un peu…

JOUR 25
Buena Vista – Cottonwood Pass – Gunnison : 126 km

Mauvaise nuit : terrain en pente, vent froid et sol humide. Je n’avais pas trop envie de me lever. Bon, cela n’a duré qu’un quart d’heure car aujourd’hui, j’ai rendez-vous avec  » Cottonwood Pass « . C’est un col de 3638 mètres d’altitude dont la route d’accès, coté ouest, est en gravier.

Après un nouveau passage dans une station service pour trouver un peu à manger, il était encore trop tôt pour trouver un magasin ouvert, j’ai pris la direction du sommet.
Coté est, la route n’est pas vraiment dure. Elle monte régulièrement jusqu’au sommet sans réels passages difficiles. Il n’y a pas beaucoup de vues non plus car il y a beaucoup de sapins.

Pour la descente par contre, changement de décor. D’abord, la route qui devient une route en gravier pendant les 20 premiers kilomètres. Ensuite les vues sur le lac Taylor et les montagnes environnantes sont fantastiques. Un seul problème, une circulation incroyable même des caravanes (C’est dimanche). Moi qui espérais une petite route en gravier à peine praticable…et bien c’était raté.

Mine de rien, la route descend jusqu’à Almont. Soit près de 60 km. Une belle côte pour les amateurs du genre…

JOUR 26
Gunnison – Monarch Pass – Nathorp : 130 km

La matinée sur la Hwy50 fut très agréable. Une jolie vallée et comme c’est une grande route, pas de montées brutales. C’est une grande route mais, mystérieusement, il n’y a pas beaucoup de circulation.

La montée, coté ouest, de  » Monarch Pass  » est assez simple. C’est toujours la Hwy50. La montée de 15 kilomètres est très régulière avec maximum 6%.
Au sommet (3400 mètres), il y a un musée, un téléphérique, un snack… et beaucoup de touristes. Je ne suis pas resté longtemps.

La descente fait 15 km également mais cela semble beaucoup plus raide. A 60 km/h, c’est vite passé. Un violent vent de face m’a empêché d’atteindre et sûrement de dépasser les 70 km/h.

Dans la descente, j’ai croisé 2 autres cyclistes voyageurs. Ils faisaient Boston – San Francisco. Après une rapide discussion, j’ai compris qu’ils font tous le même itinéraire. Il existe, sur internet, un road-book avec cartes et descriptions très précises de l’itinéraire. Voilà pourquoi les cyclistes rencontrés les jours précédent ne semblaient pas du tout intéressés par mes explications sur les difficultés à venir. Internet leurs avait déjà tout expliqué…

J’avoue que je ne comprends pas tout à fait. Pour moi, une des principales motivations est la découverte des routes. Après avoir étudier la carte pendant des heures, avoir tout imaginé comme paysages, comme difficultés… Découvrir la route dans sa réalité est un vrai plaisir. Parfois la surprise est agréable, parfois c’est une déception mais c’est ce qui me fait pédaler jusqu’à la route suivante.
Bon cela étant dit, mes deux collègues n’avaient pas vraiment l’air de comprendre l’intérêt de passer 3 fois la  » Continental Divide  » en 3 jours. Ce ne sont peut être pas les seuls…

A la fin de la descente, il a commencé à pleuvoir doucement. Après un petit coup d’œil en arrière, j’ai vu que l’orage du jour était en train de me rattraper. J’ai donc foncé jusqu’au premier camping venu et installé ma tente en vitesse. J’ai eu juste le temps de plonger à l’intérieur avant l’arrivée de la pluie. Ma précipitation m’aura fait choisir le camping le plus cher et le moins sympathique depuis le début du voyage. Je suis aussi dans une région très touristique, la vallée de la Kansas River et je me rapproche des grandes villes, Colorado Springs, Denver… Et oui, c’est presque la fin du voyage.

JOUR 27
Nathorp – Woodland Park – Manitou Springs : 152 km

La nuit fut froide et humide. C’est amusant de voir la différence de température entre les versants Est et Ouest de cette chaîne de montagnes.

Au programme aujourd’hui, 5 cols dont 3 à plus de 2700 mètres. Il faut bien terminer en beauté. En pratique ce fut assez simple. A part les premiers kilomètres sur le Hwy 285 qui est la route de Denver avec la circulation correspondante. Ensuite, la Hwy 24, direction Colorado Springs, est très agréable. Elle traverse une immense prairie. Les vues sur les sommets enneigés des Montagnes Rocheuses à l’arrière sont très impressionnantes. Il y avait même un troupeau de bison, bien à l’abri dans un enclos, mais bisons quand même.

Devant, il n’y a plus qu’une seule montagne  » Pike Peaks « . Une immense montagne de 4300 mètres d’altitude qui domine Colorado Springs.

Le dernier col de la journée,  » Ute Pass  » n’est pas impressionnant du tout, du moins quand on vient de l’Ouest mais la descente vers Colorado Springs est interminable. Cette fois plus de doute, je suis vraiment en train de quitter les montagnes.

Un peu avant Woodland Pass, j’ai eu droit à un petit spectacle digne d’une série télévisé. Je mes suis fait arrêté par le sheriff local toutes sirène hurlante. Le plus amusant est que je ne comprenais absolument rien de ce qu’il me racontait. Surtout à cause du bruit de la circulation mais également à cause de son accent. En fait, il avait reçu un appel comme quoi il y avait un cycliste en difficulté sur la route. J’ai fini par lui faire comprendre qu’il devait y avoir erreur sur la personne. En difficulté moi… et puis quoi encore !

Je me suis arrêté à Manitou Springs où j’ai pu monter ma tente sur un parking en gravier en échange d’un paquet de dollars. Dans cette ville, il n’y quasiment que des magasins de souvenirs.

JOUR 28
Manitou Springs – Colorado Springs – Denver : 131 km

Le centre de Colorado Springs est rapidement traversé. Ensuite, c’est des kilomètres sur une grande route bordée de magasins et autres fast-foods.

Au début, la Hwy 83 est une simple route avec 1 voies dans chaque sens mais à partir de Parker, elle devient une véritable autoroute de 2 x 3 voies. Je ne sais toujours pas si c’est autorisé à vélo mais il n’y avait pas d’autres choix. Cette route traverse un nombre incroyable de lotissements gigantesques mais ils ne sont pas reliés entre eux. Pas moyen d’emprunter une route alternative à moins de faire un énorme détour.

J’ai fini par rejoindre une des rues qui traversent la ville que j’ai empruntée jusqu’à un motel situé entre le centre et l’aéroport.

JOUR 29
Denver : 57 km

Une petite visite de Denver mais la motivation n’y était plus.

J’ai trouvé un petit parc où se retrouve beaucoup de cyclistes pour rouler à l’aise. C’est sans doute le seul endroit de la ville où les routes ne sont pas droites. Le seul problème est que la vitesse est limitée pour les vélos à 15 mph (24 km/h).

L’enfer quoi !

RETOUR
Denver – Denver International Airport : 27 km

Les 27 kilomètres jusqu’à l’aéroport ont vite été avalés. Le démontage du vélo réalisé sans problème malgré la demi douzaine de gardes de sécurité qui sont venu jeter un petit coup d’œil.

Le check-in également s’est déroulé sans difficultés. Aux Etats-Unis ont a droit à deux valises de 32 kg. Mon vélo étant démonté et dans un sac, il est considéré comme une valise classique. Pas de supplément à payer.

Il me restait 2 dollars. Je vois dans l’aéroport, une pizzeria qui propose des morceaux à juste 2 dollars. Voilà une bonne manière de terminer ma monnaie. Pas de chance même les super promos dans une pizzeria sont hors taxes. Rien n’est simple.

CONCLUSION

Une fantastique destination que je conseille vraiment. C’est de loin le meilleur voyage que j’ai réalisé jusqu’à présent. Il est clair que ce sont des régions touristiques et que tout est très bien organisé. Cela laisse plus de temps pour se concentrer sur la partie  » vélo  » du voyage. La plupart des paysages sont encore plus impressionnants que ce que l’on peut voir en photo avant le départ. Et surtout, ils sont très variés. Ils changent parfois plusieurs fois par jour.

Il y a juste un jour où j’ai eu l’impression de juste pousser sur les pédales (bref, de m’ennuyer). C’était en Arizona, en traversant la réserve Navajo mais la chaleur y était peut être pour quelque chose.

Si je dois trouver un point négatif, ce serait certains endroits qui sont un peu trop touristiques et très (trop) chers.

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